Suivez-nous

Première alternance politique au Sénégal

Première alternance politique au Sénégal

Première alternance politique au Sénégal

Première alternance politique au Sénégal

 Première alternance à la tête du Sénégal

Devant les milliers de jeunes venus des quartiers de Dakar pour remplir les tribunes et la pelouse du stade Léopold-Sédar-Senghor, et sous l’oeil d’une dizaine de chefs d’État africains, un vieil homme de 74 ans lève la main droite et jure de respecter la Constitution du Sénégal et de défendre l’intégrité de son territoire. En cette journée ensoleillée du 1er avril 2000, le pays vit un moment d’histoire : la première alternance démocratique qui met fin au règne ininterrompu du Parti socialiste depuis l’indépendance du pays, en 1960. L’événement est un exemple sur un continent souvent déchiré par des guerres ethniques et des crises postélectorales.
Battu quelques jours plus tôt, le 19 mars, au second tour du scrutin, le président sortant, Abdou Diouf, appelle le vainqueur Abdoulaye Wade dès le lendemain pour le féliciter, invite avec insistance ses pairs à la prestation de serment du nouvel élu, accepte de le représenter au sommet Europe-Afrique du Caire… La poignée de main et l’accolade entre les deux hommes, le 20 mars, devant les grilles du palais présidentiel resteront dans les esprits.

Le pape du « sopi » (« changement », en wolof, la principale langue nationale du pays) prend ainsi sa revanche sur le régime socialiste, après vingt-six ans de rude combat politique ponctué de défaites électorales, d’abord face à Léopold Sédar Senghor, puis à Abdou Diouf, de brimades, d’embastillements, de trahisons, de défections de nombre de ses camarades du Parti démocratique sénégalais (PDS), à un moment ou à un autre, tentés par l’appel des sirènes du pouvoir… 
Libéral, alors vice-président de l’Internationale éponyme, le troisième président du Sénégal indépendant a construit sa victoire électorale dans le cadre d’un hétéroclite Front pour l’alternance (FAL, « élire », en wolof). Une coalition avec les leaders de partis de gauche : Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho et Landing Savané. 
Au décor solennel de la salle d’audience du Conseil constitutionnel (qui a accueilli le serment de tous ses prédécesseurs), Wade a préféré prendre fonction dans l’ambiance électrique d’un stade. Au lieu des discours convenus habituels, le frais émoulu président sénégalais a opté pour un ton peu diplomatique pour décréter, au risque d’embarrasser certains chefs d’État présents, la fin en Afrique des démocraties sans alternance, des dictatures, des présidences à vie… À l’hymne national du Sénégal, Wade a préféré, pour marquer la fin de son discours, « l’hymne de l’Afrique », qu’il a lui-même composé. 
Ce président pas comme les autres n’a pas attendu plus longtemps que sa prestation de serment pour commencer à susciter la polémique : le passage de « son » hymne à la place du « Pincez tous vos koras, frappez les balafons…» national ne manque pas de faire réagir ceux de ses concitoyens les plus attachés à la liturgie républicaine.
Opposant de longue date, davantage rompu à l’agit-prop qu’aux codes de l’État, le nouvel homme fort du Sénégal ne tarde pas à apparaître comme un président atypique, un personnage à part, perdu dans le très conventionnel syndicat des chefs d’État. Il pénètre avec effraction dans le saint des saints, se fait inviter dès l’année de son accession au pouvoir au sommet du G8, en sa qualité de co-initiateur du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). Mais il multiplie sorties improvisées et couacs diplomatiques. 
À l’épreuve du pouvoir, l’ancien opposant se confronte à la réalité, revoit à la baisse ses promesses électorales (tel le kilogramme de riz à 65 F CFA), peine à trouver l’équipe adéquate pour mettre en oeuvre sa politique… En quatre ans, il bat un record absolu dans un pays d’une très forte tradition administrative : six gouvernements, quatre Premiers ministres, un nombre incalculable de ministres et de réajustements gouvernementaux…

La plupart de ceux qui entouraient Abdoulaye Wade en cette journée historique du 1er avril 2000 sont aujourd’hui éloignés du pouvoir. À commencer par Idrissa Seck, son ex-homme de confiance, directeur de cabinet puis Premier ministre, limogé le 21 avril 2004. Après Amath Dansokho en novembre 2000, Moustapha Niasse et Madior Diouf en mars 2001, c’est au tour des camarades de parti d’Abdoulaye Bathily (LD/MPT) d’être éjectés du gouvernement le 9 mars 2005. 
Pour remplacer les ex-alliés, des hommes qui avaient soutenu Diouf en 2000 : Serigne Diop, Ousmane Ngom, Salif Bâ, Djibo Kâ… 
La roue du pouvoir tourne décidément sous l’ère du « sopi ».

Source : Jeune Afrique (Article écrit par Cheikh Yérim SECK)

 

Autres articles

Crise politique de décembre 1962 au Sénégal

Crise politique de décembre 1962 au Sénégal

L'Afrique Occidentale Française (A.O.F.)

L'Afrique Occidentale Française (A.O.F.)

Grand Magal de Touba

Grand Magal de Touba

Ephémerides du jour

  • 16 Mai 2023
    Signature du  décret fixant les modalités de coopération des collectivités territoriales plus communément appelé "le décret sur l'intercommunalité", conformément aux dispositions de l'article 16 de la loi N°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des collectivités territoriales.
  • 16 Mai 2023
    Rappel à Dieu à l'âge de 93 ans à l'hôpital principal de Dakar, des suites d'une longue maladie, de Cheikh Bécaye KOUNTA, 7ème Khalife général des Khadres de Ndiassane. Il avait succédé à Mame Bou Mouhamed KOUNTA décédé le 4 novembre 2018. Le nouveau Khalife est Cheikh Bou Sidy Makhtar KOUNTA.
  • 16 Mai 1979 Visite au Sénégal de sa Majesté Juan Carlos 1er, Roi d'Espagne. Intronisé en 1975, il abdiquera en 2014 en faveur de son fils, le prince Felipe. La République du Sénégal et le Royaume d’Espagne ont établi leurs relations diplomatiques le 3 mars 1965. Le Sénégal ouvrira une ambassade en Espagne en 2002.
  • 16 Mai 1970
    Parution du dernier numéro du quotidien d'informations générales "Dakar-Matin" créé en 1961 qui sera remplacé par le quotidien "Le Soleil".
  • 16 Mai 1903
    Moussa Molo BALDE, Roi du Fouladou,  qui avait quitté Hamdallaye avec une centaine de femmes et une soixantaine de cavaliers franchit la frontière avec la Gambie où il est accueilli par le gouverneur général anglais Sir Charles MAC-CARTHY qui l'autorise à s'installer à Borabakunda.
  • 16 Mai 1881
    Signature des accords de Gababé entre les Français et les chefs du Fouta parmi lesquels Abdoul Bocar KANE, chef du Bosséa.
  • 16 Mai 1879
    Bou-el-Mogdad SECK est nommé Cadi de Saint-Louis en remplacement de Hamat Ndiaye ANN, décédé. Créé en 1856, le tribunal musulman de Saint-Louis était composé d’un Cadi, juge auquel étaient adjoints un suppléant et un greffier. Cette juridiction appliquait le droit coranique  de rite malékite, sauf sur les points où prévalent les coutumes locales.
  • 16 Mai 1862
    A la tête de ses troupes, El Hadj Omar TALL se rend maître de Hamadallaye, la capitale du Macina au Soudan français (actuel Mali). Le roi Ahmadou III est tué.
  • 16 Mai 1822
    Création au Sénégal d'une brigade de Préposés aux douanes. Cependant, la naissance de l'Administration des douanes au Sénégal peut être située en 1819, année de nomination du premier chef de service des douanes du Sénégal et Dépendances.